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evasion lointaine

21 juillet 2007

Le ballet des heures

(Le Dieu Pan parle :)

1_le_ballet



Les heures sont des fleurs l'une après l'autre écloses
Dans l'éternel hymen de la nuit et du jour ;
Il faut donc les cueillir comme on cueille les roses
Et ne les donner qu'à l'amour.

Ainsi que de l'éclair, rien ne reste de l'heure,
Qu'au néant destructeur le temps vient de donner ;
Dans son rapide vol embrassez la meilleure,
Toujours celle qui va sonner.

Et retenez-la bien au gré de votre envie,
Comme le seul instant que votre âme rêva ;
Comme si le bonheur de la plus longue vie
Était dans l'heure qui s'en va.

Vous trouverez toujours, depuis l'heure première
Jusqu'à l'heure de nuit qui parle douze fois,
Les vignes, sur les monts, inondés de lumière,
Les myrtes à l'ombre des bois.

Aimez, buvez, le reste est plein de choses vaines ;
Le vin, ce sang nouveau, sur la lèvre versé,
Rajeunit l'autre sang qui vieillit dans vos veines
Et donne l'oubli du passé.

Que l'heure de l'amour d'une autre soit suivie,
Savourez le regard qui vient de la beauté ;
Être seul, c'est la mort ! Être deux, c'est la vie !
L'amour c'est l'immortalité !

Gérard de NERVAL (1808-1855)
(Recueil : Poésies diverses)

  





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21 juillet 2007

Croyance

 


Souvent il m'apparut sous la forme d'un ange
Dont les ailes s'ouvraient,
Remontant de la terre au ciel où rien ne change ;
Et j'ai vu s'abaisser, pleins d'une force étrange,
Ses bras qui m'attiraient.

Je montais. Je sentais de ses plumes aimées
L'attrayante chaleur ;
Nous nous parlions de l'âme et nos âmes charmées,
Comme le souffle uni de deux fleurs embaumées,
N'étaient plus qu'une fleur.

Et je tremblerai moins pour sortir de la vie :
Il saura le chemin.
J'en serai, de bien près, devancée ou suivie ;
Puis, entre Dieu qui juge et ma crainte éblouie,
Il étendra sa main.

Ce noeud, tissu par nous dans un ardent mystère
Dont j'ai pris tout l'effroi,
Il dira que c'est lui, si la peur me fait taire ;
Et s'il brûla son vol aux flammes de la terre,
Je dirai que c'est moi !

Son souffle lissera mes ailes sans poussière
Pour les ouvrir à Dieu,
Et nous l'attendrirons de la même prière ;
Car, c'est l'éternité qu'il nous faut tout entière :
On n'y dit plus : " Adieu ! "

Marceline DESBORDES-VALMORE (1786-1859)
(Recueil : Elégies)


       

21 juillet 2007

La terre et l'enfant


a_enfant


Enfant sur la terre on se traîne,
Les yeux et l'âme émerveillés,
Mais, plus tard, on regarde à peine
Cette terre qu'on foule aux pieds.

Je sens déjà que je l'oublie,
Et, parfois, songeur au front las,
Je m'en repens et me rallie
Aux enfants qui vivent plus bas.

Détachés du sein de la mère,
De leurs petits pieds incertains
Ils vont reconnaître la terre
Et pressent tout de leurs deux mains ;

Ils ont de graves tête-à-tête
Avec le chien de la maison ;
Ils voient courir la moindre bête
Dans les profondeurs du gazon ;

Ils écoutent l'herbe qui pousse,
Eux seuls respirent son parfum ;
Ils contemplent les brins de mousse
Et les grains de sable un par un ;

Par tous les calices baisée,
Leur bouche est au niveau des fleurs,
Et c'est souvent de la rosée
Qu'on essuie en séchant leurs pleurs.

J'ai vu la terre aussi me tendre
Ses bras, ses lèvres, autrefois !
Depuis que je la veux comprendre,
Plus jamais je ne l'aperçois.

Elle a pour moi plus de mystère,
Désormais, que de nouveauté ;
J'y sens mon coeur plus solitaire,
Quand j'y rencontre la beauté ;

Et, quand je daigne par caprice
Avec les enfants me baisser,
J'importune cette nourrice
Qui ne veut plus me caresser.


René-François SULLY PRUDHOMME (1839-1907)
(Recueil : Les solitudes)
               

21 juillet 2007

La bouche

1_bouche



Ni sa pensée, en vol vers moi par tant de lieues,
Ni le rayon qui court sur son front de lumière,
Ni sa beauté de jeune dieu qui la première
Me tenta, ni ses yeux - ces deux caresses bleues ;

Ni son cou ni ses bras, ni rien de ce qu'on touche,
Ni rien de ce qu'on voit de lui ne vaut sa bouche
Où l'on meurt de plaisir et qui s'acharne à mordre,

Sa bouche de fraîcheur, de délices, de flamme,
Fleur de volupté, de luxure et de désordre,
Qui vous vide le coeur et vous boit jusqu'à l'âme...

Marie Nizet

(Recueil : Pour Axel de Missie)
   

21 juillet 2007

Les baisers morts des défuntes années

Les baisers morts des défuntes années
Ont mis leur sceau sur ton visage,
Et, sous le vent morne et rugueux de l'âge,
Bien des roses, parmi tes traits, se sont fanées.

Je ne vois plus ta bouche et tes grands yeux
Luire comme un matin de fête,
Ni, lentement, se reposer ta tête
Dans le jardin massif et noir de tes cheveux.

Tes mains chères qui demeurent si douces
Ne viennent plus comme autrefois,
Avec de la lumière au bout des doigts,
Me caresser le front, comme une aube les mousses.

Ta chair jeune et belle, ta chair
Que je parais de mes pensées,
N'a plus sa fraîcheur pure de rosée,
Et tes bras ne sont plus pareils aux rameaux clairs.

Tout tombe, hélas ! et se fane sans cesse ;
Tout est changé, même ta voix,
Ton corps s'est affaissé comme un pavois,
Pour laisser choir les victoires de la jeunesse.

Mais néanmoins, mon coeur ferme et fervent te dit :
Que m'importent les deuils mornes et engourdis,
Puisque je sais que rien au monde
Ne troublera jamais notre être exalté
Et que notre âme est trop profonde
Pour que l'amour dépende encor de la beauté.

Emile Verhaeren
(Recueil : Les heures d'après-midi)
         

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14 juillet 2007

Histoire de désir

1_d_sirs

lui.- Raconte moi ton désir...
Le mien, je le connais par coeur.
Je vis avec lui depuis si longtemps.
Mais le tien ? C'est le tien que je voudrais connaitre...

Elle.- Oui,Oui je te raconterai l'histoire de mon désir pour toi.
Je te prendrai la main et te ferai toucher les lieux de sa naissance.
Je te raconterai comment il a grandi et a fini par occuper tout l'espace,
comment il accélère mon souffle, fait taire toutes mes peurs,
le transporte au plus près de toi.
Je te révélerai comment mon sexe s'ouvre et se gonfle
en attente de la venue du tien.
Je te dirai comment, en pensant à toi, il chamouille et s'affole.
Je te ferai sentir du doigt et de la langue comment je m'y prend pour
lui parler, pour le calmer.
Je te montrerai comment il peut vivre sa vie en solitaire, en t'appelant.
Oh oui ! je te raconterai mon désir, mon merveilleux désir de toi.

Lui- Dis moi encore ton désir...

Elle.- De mes lèvres secrètes, un souffle chaud, une palpitaiton ardente,
et puis une rosée nacrée jaillissant et m'inondant dans les murmures de ton nom.
D'obscénités sacrées et de doux balbutiements je bénis ma passion

Jaques salomé (Lettres à l'intime de soi)

12 juillet 2007

Le lac


1_lac


Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
  Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
  Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
  Jeter l'ancre un seul jour ?
 
  Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
  Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
  Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
  Où tu la vis s'asseoir !
 
  Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
  Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
  Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
  Sur ses pieds adorés.
 
  Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
  On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
  Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
  Tes flots harmonieux.
 
  Tout à coup des accents inconnus à la terre
  Du rivage charmé frappèrent les échos ;
  Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
  Laissa tomber ces mots :
 
  "Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
  Suspendez votre cours :
  Laissez-nous savourer les rapides délices
  Des plus beaux de nos jours !
 
  "Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
  Coulez, coulez pour eux ;
  Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
  Oubliez les heureux.
 
  "Mais je demande en vain quelques moments encore,
  Le temps m'échappe et fuit ;
  Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore
  Va dissiper la nuit.
 
  "Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
  Hâtons-nous, jouissons !
  L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
  Il coule, et nous passons !"
 
  Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
  Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,
  S'envolent loin de nous de la même vitesse
  Que les jours de malheur ?
 
  Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
  Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
  Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
  Ne nous les rendra plus !
 
  Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
  Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
  Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
  Que vous nous ravissez ?
 
  Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
  Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
  Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
  Au moins le souvenir !
 
  Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
  Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
  Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
  Qui pendent sur tes eaux.
 
  Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
  Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
  Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
  De ses molles clartés.
 
  Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
  Que les parfums légers de ton air embaumé,
  Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,
  Tout dise : Ils ont aimé !
 
 
 

    Alphonse de Lamartine (1790-1869),Méditations poétiques (1820)

12 juillet 2007

Viens, sur tes cheveux noirs

1_viens

Viens. Sur tes cheveux noirs jette un chapeau de paille.
  Avant l'heure du bruit, l'heure où chacun travaille,
  Allons voir le matin se lever sur les monts
  Et cueillir par les prés les fleurs que nous aimons.
  Sur les bords de la source aux moires assouplies,
  Les nénufars dorés penchent des fleurs pâlies,
  Il reste dans les champs et dans les grands vergers
  Comme un écho lointain des chansons des bergers,
  Et, secouant pour nous leurs ailes odorantes,
  Les brises du matin, comme des soeurs errantes,
  Jettent déjà vers toi, tandis que tu souris,
  L'odeur du pêcher rose et des pommiers fleuris.
 
Théodore de BANVILLE (1823-1891)
(Recueil : Les stalactites)

12 juillet 2007

Le vent est doux comme une main de femme

1_gaby


Le vent est doux comme une main de femme,
  Le vent du soir qui coule dans mes doigts ;
  L'oiseau bleu s'envole et voile sa voix,
  Les lys royaux s'effeuillent dans mon âme ;
 
  Au clavecin s'alanguissent les gammes,
  Le soleil est triste et les coeurs sont froids ;
  Le vent est doux comme une main de femme,
  Le vent du soir qui coule dans mes doigts.
 
  Je suis cet enfant que nul ne réclame,
  Qu'une dame pâle aimait autrefois ;
  Laissez le soleil mourir sur les toits,
  Dormir la mer plus calme, lame
  à lame...
  Le vent est doux comme une main de femme.
 
 
Charles GUÉRIN (1873-1907)
(Recueil : Le sang des crépuscules)

12 juillet 2007

Aimer la vie

   1_aimer_la_vie


C'est d'abord apprendre
  À s'aimer soi-même
  À accepter ses limites,s'y adapter
  À recconnaître ses forces, les utiliser au service des autres
 
  Oser la vie...
  Cest avoir un rêve
  Assez puissant pour croire passionnément
  Assez grand pour qu'il soit envahissant
  Assez beau pour qu'il égaye chaque jour
 
  C'est croire...
  Croire que nous sommes une Étincelle divine
  Une Étincelle venue rayonner, le temps d'un passage
  Croire que nous avons une mission
  Croire que nous pouvons l'accomplir,malgré les obstacles
  Croire en soi, en l'autrui, en la vie
 
  C'est voir...
  Voir toutes les beautés du monde
  Au-delà des nuages
  Voir tous les élans du coeur
  Avec les yeux de l'âme
 
  Cest créer...
  À travers le geste, la parole,le regard
  Créer er recréer son existence
  Et tendre vers l'espoir
  Créer la plénitude du moment
 
  C'est communiquer...
  Abandonner sa solitude première
  S'ouvrir au regard et aux paroles des autres
  Reconaître la puissance d'un groupe
  Et s'y joindre en toute confiance
 
  Cest se libérer...
  Car la vraie liberté est intérieur
  Elle brise les chaînes
  Elle nous donne la clé qui mène vers la lumière
  Cette Lumière qui nous fait...
  Aimer la vie
 
  texte de lise thibault
  Lieutenant-gouverneur du Qébec

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